BAUDELAIRE....(bonne lecture)
http://www.poetes.com/baud/index.phpaudelaire a conquis le public moderne grâce à un recueil de poèmes vraiment original : Les fleurs du mal. Dans son acharnement à vouloir mettre à nu le mal, c'est-à-dire les faiblesses et les turpitudes de ce monde, il donne «à la poésie un frisson nouveau» (Victor Hugo). Déchiré mais lucide, il cherche par l'imagination un passage entre le réel et le surréel, refuge ultime et fragile du poète.
Après la mort de son père, sa mère se remarie avec un officier et il est mis en pension.
À partir de 1839, Baudelaire commence sa carrière d'écrivain. Il fréquente des hommes de lettres (Nerval, Balzac) et mène à Paris une vie de plaisirs et d'insouciance qui paraît scandaleuse à son beau-père. En 1841, il s'embarque pour un long voyage vers les Indes, mais, pris de nostalgie, il revient au bout de dix mois sans être parvenu à destination. Ce voyage pourtant éveille en lui l'amour de la mer et de l'exotisme qui vont enrichir son inspiration. À son retour, il demande sa part de l'héritage paternel pour vivre comme il l'entend. Il devient un dandy parisien et se lie avec Jeanne Duval, une jeune mulâtresse qui restera sa compagne jusqu'à sa mort, en dépit des crises qui secouent leur liaison.
En 1844, sa famille, alarmée par les dépenses du jeune homme qui a alors 23 ans, lui impose un conseil judiciaire qui limite l'argent qu'il peut toucher régulièrement : désormais, il va vivre misérablement.
Baudelaire se consacre d'abord à la critique d'art; les articles regroupés forment Les salons. En 1848, il participe aux émeutes parisiennes et s'enthousiasme pour la Révolution. Mais son engagement est de courte durée. Il revient à la littérature, découvre l'auteur américain Edgar Poe qu'il commence à traduire. Quelques poèmes sont publiés dans différentes revues; la passion que lui inspire une dame du monde, Madame Sabatier, stimule son activité poétique. En 1857 paraissent Les fleurs du mal. Le livre est en partie condamné pour «outrage à la morale publique et aux bonnes moeurs».
En dépit de la célébrité qui s'installe, il mène une vie précaire, vivant de traductions et de travaux de commande. Il continue néanmoins à écrire des poèmes utilisant parfois comme stimulants l'opium et le haschich. En 1864, il s'installe en Belgique, résolu à préparer un retour glorieux en France; mais il végète à Bruxelles. Terrassé par une crise cardiaque, il est ramené à Paris. Atteint de paralysie et de troubles du langage, il meurt à l'âge de 46 ans.
Charles Baudelaire (Paris, 1821- Paris, 1867)
Sa vie :
Son oeuvre principale :
- Salons (1846-1859),
- Journaux intimes (1851-1862),
- les Paradis artificiels (1860),
- Curiosités esthétiques (1868).
- Les fleurs du mal (1857, 101 poèmes-1861, 127 poèmes),
-Le spleen de Paris (1869),
-L'art romantique(1869).
http://www.toutelapoesie.com/dossiers/poemes_par_auteurs/poemes_de_charles_baudelaire.htmDanse macabre
FiËre, autant qu'un vivant, de sa noble stature,
Avec son gros bouquet, son mouchoir et ses gants,
Elle a la nonchalance et la dÈsinvolture
D'une coquette maigre aux airs extravagants.
Vit-on jamais au bal une taille plus mince ?
Sa robe exagÈrÈe, en sa royale ampleur,
S'Ècroule abondamment sur un pied sec que pince
Un soulier pomponnÈ, joli comme une fleur.
La ruche qui se joue au bord des clavicules,
Comme un ruisseau lascif qui se frotte au rocher,
DÈfend pudiquement des lazzi ridicules
Les funËbres appas qu'elle tient ‡ cacher.
Ses yeux profonds sont faits de vide et de tÈnËbres,
Et son cr‚ne, de fleurs artistement coiffÈ,
Oscille mollement sur ses frÍles vertËbres.
O charme d'un nÈant follement attifÈ.
Aucuns t'appelleront une caricature,
Qui ne comprennent pas, amants ivres de chair,
L'ÈlÈgance sans nom de l'humaine armature.
Tu rÈponds, grand squelette, ‡ mon go?t le plus cher !
Viens tu troubler avec ta puissante grimace,
La fÍte de la Vie ? ou quelque vieux dÈsir,
Eperonnant encore ta vivante carcasse,
Te pousse-t-il, crÈdule, au sabbat du Plaisir ?
Aux chants des violons, aux flammes des bougies,
EspËres-tu chasser ton cauchemar moqueur,
Et viens-tu demander au torrent des orgies
De rafraÓchir l'enfer allumÈ dans ton coeur ?
InÈpuisable puits de sottise et de fautes !
De l'antique douleur Èternel alambic !
A travers le treillis recourbÈ de tes cÙtes
Je vois, errant encor, l'insatiable aspic.
Pour dire vrai, je crains que ta coquetterie
Ne trouve pas un prix digne de ses efforts ;
Qui, de ces coeurs mortels, entend la raillerie ?
Les charmes de l'horreur n'enivrent que les forts !
Le gouffre de tes yeux, plein d'horribles pensÈes,
Exhale le vertige, et les danseurs prudents
Ne contempleront pas sans d'amËres nausÈes
Le sourire Èternel de tes trente-deux dents.
Pourtant, qui n'a serrÈ dans ses bras un squelette,
Et qui ne s'est nourri des choses du tombeau ?
Qu'importe le parfum, l'habit ou la toilette ?
Qui fait le dÈgo?tÈ montre qu'il se croÓt beau.
BayadËre sans nez, irrÈsistible gouge,
Dis donc ‡ ces danseurs qui font les offusquÈs :
´ Fiers mignons malgrÈ l'art des poudres et du rouge,
Vous sentez tous la mort ! O squelettes musquÈs,
Antino¸s flÈtris, dandys ‡ face glabre,
Cadavres vernissÈs, lovelaces chenus,
Le branle universel de la danse macabre
Vous entraÓne en des lieux qui ne sont pas connus !
Des quais froids de la Seine aux bords br?lants du Gange,
Le troupeau mortel saute et se p‚me, sans voir
Dans un trou du plafond la trompette de l'Ange,
Sinistrement bÈante ainsi qu'un tromblon noir.
En tout climat, sous tout soleil, la Mort t'admire
En tes contorsions, risible HumanitÈ,
Et souvent, comme toi, se parfumant de myrrhe,
MÍle son ironie ‡ ton insanitÈ ! ª
Charles Baudelaire (1821- 1867)
Un poéme que j'aime beaucoup :